En cette période estivale synonyme de vacances, cette question dans le titre me revient à la surface…. Je me souviens, de manière récurrente et plus accrue dans les dernières années de mes 25 ans d’activité salariée, avoir dû faire face à une « déprime » la semaine de la reprise, me demandant de plus en plus quel était le sens à donner à mon quotidien… déprime amplifiée par plusieurs collègues qui vivaient ce mal-être de manière résiliente et continue toute l’année, alors que je cherchais sans cesse dans chacune de mes activités à trouver une motivation à progresser…..ce souvenir est réapparu récemment à la rencontre d’un ami salarié qui m’a dit : « je reprends le boulot demain, et ça m’embête…. »
Le travail est trop souvent lié à l’aliénation, un moyen de « gagner sa vie » afin de permettre de s’épanouir dans sa vie privée. Je me souviens, qu’enfant, j’étais très heureux d’être en vacances mais tout aussi excité de retrouver le chemin de l’école, les copains, les cahiers et les stylos neufs et cette soif d’apprendre qui ne me quitte jamais.
Alors, pourquoi, l’entreprise ne permet pas de manière générale de continuer positivement cette dynamique ? Car, soyons honnêtes, combien de personnes s’épanouissent totalement dans l’entreprise ? Un sondage donnerait sans aucun doute un pourcentage relativement faible, notamment dans les grandes structures, où paradoxalement la stabilité de l’emploi est pourtant la plus forte. Ainsi, la recherche de l’excellence, la relation complexe à la hiérarchie, la compétition croissante, les réorganisations incessantes, les guerres de pouvoirs entre équipes et dirigeants, les conflits entre collègues viennent trop souvent assombrir le ciel du salarié. Je rencontre que les start up et les TPE/PME échappent beaucoup plus souvent à cette sinistrose, et personnellement j’adore accompagner des équipes dans ces écosystèmes dynamiques et très motivés. Un de mes professeurs de coaching me racontait qu’il acceptait d’accompagner des équipes et des managers dans des grandes entreprises pour la simple raison économique, mais que tout son travail était à 99% réduit à un château de cartes, la cohésion d’équipes très souvent balayée au cours de la réorganisation.
Ainsi, trouver du sens à son quotidien n’est pas chose aisée. Les artistes, les jeunes entrepreneurs, les dirigeants de TPE, les passionnés de leur activité (par exemple les chercheurs ou ceux qui sont dans la relation d’aide) et aussi beaucoup de pairs coaches que je rencontre me font part que le travail est source d’épanouissement. Hier, un notaire, dirigeant une petite équipe d’assistantes, me racontait qu’il ne prenait « que » 2 semaines de congés l’été, le travail et ses clients lui manquant très rapidement après cette coupure. Comment comparer ces 2 semaines aux 10 semaines de congés dans l’enseignement, alors que je connais plusieurs professeurs très mécontents de leur statut… bien entendu, le bonheur au travail n’est pas une fonction linéaire de la quantité de congés.
Personnellement, je vais dans 2 semaines souffler les 2 bougies de DRIBBL, et ma motivation à poursuivre le développement de mon activité ne faillit pas, bien au contraire, mû par cette envie de donner du sens à mes activités et surtout d’apporter une réelle plus-value à mes clients. Je prends officiellement beaucoup moins de congés que dans mon activité précédente, mais mon besoin de souffler ne se vit pas de la même manière.
Donner du sens le plus tôt possible, dès sa scolarité me semble opportun : ainsi, orienter ses études à l’approche de la 3ème devrait systématiquement passer par la question fondamentale : qu’est ce que tu aimerais réellement faire ? plutôt que » suivant tes résultats, voici les bacs que tu pourras envisager et par conséquent quelles filières d’études et de métiers te seront possibles ».. ainsi, la motivation pourrait être surdimensionnée chez nos petites têtes qui doubleraient d’énergie pour tout faire et atteindre leur métier choisi . L’apprentissage serait beaucoup moins magistral pour devenir un accompagnement pour permettre à chaque élève de réussir.
Pour cela, il me semble essentiel de modifier cette sacrosainte filière royale du bac S (et pourtant j’en viens) pour des métiers qui n’ont rien de scientifique à la base (ex : certains métiers de la filière médicale)… chez nos voisins italiens, la filière royale réside dans les sciences littéraires, surprenant non ?
« apprendre à se faire plaisir et faire plaisir », voilà un programme simple que je proposerais volontiers à notre nouveau ministre de l’éducation nationale pour la prochaine réforme à venir…. La génération Z, encore plus que les précédentes, ne pourra se satisfaire longtemps d’un salaire avec 5 semaines de congés payés.
Bel été à tous et toutes,
Richard, 25 juillet 2017