Aimez-vous les fêtes traditionnelles ?
Personnellement, je réponds plutôt “oui”… depuis mon enfance, j’apprécie de participer aux manifestations régulières de ma cité et pendant mes vacances également, je m’intéresse à mieux connaître une nouvelle région et ses habitats au travers de ses us et rites nombreux et variés, particulièrement en été.
La tradition c’est pour moi le lieu où se manifestent les valeurs collectives, l’esprit d’équipe avec l’engagement de tous les volontaires qui y participent, l’attachement à une terre, une culture, une transmission de savoir entre générations. Ce capital de connaissances est impersonnel et souvent oral – notre virtualisation de notre économie ne peut le décrire correctement.
Ainsi, je rentre de congés d’été familiales à Malte, petite ile méditerranéenne, dotée d’une histoire les plus riches de l’Europe. Voilà plus de 10années que je m’y étais pas rendu et c’est avec un immense plaisir que j’ai redécouvert son ambiance unique et l’accueil de ses habitants. Des missions régulières professionnelles précédentes m’ont permis de tisser des relations désormais amicales avec plusieurs autochtones. Un soir, un ami maltais m’a invité à une vraie soirée traditionnelle de son village, une “festa”, fête catholique annuelle célébrant le saint du village, associant processions, chants, feux d’artifice diurnes et nocturnes qui perdurent plusieurs semaines et se clôturent par une soirée où tous les habitants se retrouvent ensemble. Chaque village a ainsi sa “festa” entre juillet et septembre. Ainsi, les 440 000 habitants de cet archipel pourraient être considérés comme tournés vers le traditionalisme à outrance,et non vers la modernité et l’économie de marché…. et pourtant, certains chiffres font rêver : le taux de chômage y est un des plus faibles d’Europe (officiellement <5%, dans la réalité quasi nul) et plusieurs sociétés de haute technologie (médicale, électronique, automobile, ….) y prospèrent en attirant moult expatriés de tous pays (Europe, Afrique, USA,…). Pour exemple, l’économie touristique (hôtellerie, restauration, ….) fait appel à une forte main d’œuvre étrangère et devant la plupart des boutiques commerçantes, je pouvais voir l’affiche “looking for salesman/salesgirl” cad recherche vendeur/vendeuse… depuis notre appartement, je pouvais compter plus de 15 grues synonymes d’un boom dans le bâtiment également !
Tradition et modernité ne s’opposent donc pas mais dans une vision systémique deviennent complémentaire et indissociables.
Pour reprendre une citation de l’académicien français Jean d’Ormesson : “la tradition, c’est un progrès qui a réussi“…. ainsi, là où d’aucun pourrait y trouver une résistance au changement et une complainte à la nostalgie (“c’était mieux avant”…), je pense que ces expériences parfois décalées nous invitent à prendre du temps à redécouvrir certains fondamentaux de la performance collective et deviennent des ancrages forts au modèle évolutif incrémental…. par analogie dans le monde de l’entreprise, la transmission du savoir entre anciens et nouveaux arrivants et le maintien de certains rites entre collègues et managers est important à perdurer et requièrent de la temporalité ; de plus, certains savoir-faires ne peuvent se transcrire par une procédure, mais un réel apprentissage est nécessaire pour assurer une continuité des processus et permettre leur amélioration continue….l’évolution oui, la révolution…non !
Richard, 19 août 2017
