Taïwan et l’art de la sieste..

Je rentre d’un déplacement professionnel de consulting en Asie comprenant une semaine à Taiwan, pays présenté comme le « cœur de l’Asie » par son office de tourisme national. Nul besoin de rappeler que notre société consumériste dépend fortement des usines asiatiques mais cette réalité s’impose encore de manière plus marquante avec cette petite île. C’est d’abord le lieu de fabrication d’une part importante de composants semi-conducteurs (mémoires et autres circuits avec des “Giga Fab” co-existantes la région nord est de Hsinshu) et d’assemblage de matériel électronique qui intègrent toutes nos applications professionnelles et personnelles.
Je propose dans cette article faire part de ma vision dans cette réussite industrielle et de ses particularismes.

Parlons du volet économique : générer du business ici est assez simple, plus facile que dans nos contrées occidentales : l’anglais est assez bien parlé par une vaste partie de la population, l’état taiwanais exigeant un niveau d’étude minimum intégrant l’anglais pour tous. Ici, ce n’est pas nécessaire de contractualiser pour démarrer un partenariat : « business first, contrat after » est la règle. Je viens de terminer un contrat de relation fournisseur au nom d’un de mes clients, après 6mois de négociation assez intense et le Président de la société sous-traitante m’a indiqué le dernier jour qu’il n’aimait pas du tout contractualiser en phase de démarrage. Les relations commerciales sont directes et la différence de mentalité(mindest) entre nos pays occidentaux et asiatiques est moins marqué de mon point de vue que dans d’autres pays d’Asie. J’ai toujours été surpris de la rapidité pour établir une première alliance professionnelle, de la confiance apriori de mes interlocuteurs pour discuter d’un projet et de leur accueil chaleureux dès que l’on parle affaires. Il est ici assez facile de faire la connaissance d’une famille d’un partenaire commercial, et ce beaucoup plus aisément qu’en Chine par exemple. J’ai voyagé en Chine pendant ces 20 dernières années régulièrement et ne suis jamais parvenu à passer un repas avec une famille d’un collègue chinois, alors que j’ai pu le faire très rapidement à Taiwan. Ma méconnaissance de la langue chinoise influence certainement, mais cela n’est pas sensible à Taïwan.
Fassent que les Dieux de la Terre continuent à épargner cette petite île des graves secousses telluriques et autres typhons, car le tsunami arriverait rapidement sur nos contrées, même les plus reculées des côtes françaises !
Politiquement et socialement, les habitants tiennent à marquer leur différences culturelles en tant que province de la République Populaire de Chine.
Comme en Chine, la liberté de culte est omniprésente et ne semble pas poser de problèmes entre différentes communautés. Cela me semble un exemple intéressant pour nos politiques et sociologues dans les épisodes dramatiques que notre société traverse sur fond d’extrémise religieux. A Taïwan, les temples abondent dans chaque cité, où chacun peut venir quand il le souhaite. Certains temples monastiques font même office de bailleur bancaire , avec prêt à 0% pour certains jeunes entrepreneurs en recherche de capital : les moines leur avancent gratuitement l’argent nécessaire à développer leur activité, sans faire aucun contrat. Il est toutefois d’usage que l’emprunteur pourra, dans un délai de 1an environ, une fois son entreprise installée, venir rembourser les moines et en geste de remerciement faire un don en cash au temple. Simple et efficace à la fois !
Géographiquement, les côtes contrastent fortement avec l’intérieur du pays, très verdoyant et montagneux (le mont Yu Shan culmine à près de 4000m d’altitude). Le train à grande vitesse, dénommée THSR( permet de relier le Nord au Sud en moins de 2h… avec une différence thermique de plus de 15°. J’ai pu apprécier les spécialités culinaires montagnardes comme le poulet cuit dans des marmites au feu de bois et bien entendu les saveurs des fruits de mer sur les côtes. Ici, comme en Chine, tout va très vite… il semble que les cycles jour/nuit et semaine/weekend sont quasi-identiques..

Il reste cependant un marqueur de la vie des salariés qui est très visible, c’est la sieste quotidienne post-prandiale de 20 à 30minutes. Ainsi, dans les entreprises, il est fréquent d’éteindre toutes les lumières dans les bureaux afin que chaque employé puisse somnoler – certains amenant même leur transat pour s’allonger. Il est important pour tout visiteur de respecter cette pause, et ne pas fixer un rendez-vous à ce moment-là. Je serai assez tenté de proposer dans de bonnes conditions cette pause somnolente courte mais efficace dans la métropole, pour permettre aux personnes de souffler avant la seconde mi-temps de l’après midi. J’ai rencontré de nombreux cas où l’urgent prenant le pas sur l’important, les réunions s’enchainent autour de la pause du déjeuner, sans prendre soin de l’écologie du collaborateur – si cela reste exceptionnel, c’est acceptable. Quand cela est quasi permanent, c’est discutable et non efficace pour l’efficience de la personne. Alors, pourquoi ne pas faire la promotion de la sieste au travail !!?
Richard, Jeudi 24 mars 2016

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