La créativité…suite-le principe de l’Etincelle

Suite au précédent article, et puisque nous sommes au coeur de l’été, période propice à la lecture pour certains comme moi, je vous présente un livre abordant de manière médicale et scientifique le thème de la créativité, “le principe de L’Etincelle”  écrit en 2008 par 2 auteurs américains, Dr H.Benson et W.Proctor.

Le principe de l’Etincelle décrit les processus biologiques et neurologiques dans le cadre d’une transformation de soi : créativité, productivité, performance sportive et intellectuelle, santé et spiritualité.

Propos général de l’ouvrage :

Plus de trente ans de recherches portant sur les molécules, la biochimie et la neurologie ont permis au Dr Herbert Benson et William Proctor d’analyser en profondeur les interrelations entre le corps et l’esprit. Tous deux nous livrent ici une découverte capitale, dont les effets vont au-delà des notions classiques de développement personnel et sont capables de transformer totalement notre vie.

Thèse de l’ouvrage :

Il existe un déclenchement biologique puissant, une sorte de commutateur qui permet d’enrayer tout ce qui est conflit ou confusion en nous, stress ou anxiété, et de rompre avec les schémas mentaux négatifs et obsessionnels qui nous bloquent. Cette ” étincelle ” conduit à des états de conscience permettant d’améliorer les réalisations personnelles, entraînant l’apparition d’intuitions transformatrices. Les auteurs nous décrivent une méthode pratique et accessible, pour nous apprendre à gérer le stress et à le rendre bénéfique : les 4 phases du déclic de l'” étincelle ” et les 6 mécanismes reliant physique et psychisme qui donnent accès au changement. S’appuyant sur des cas concrets, ils donnent des instructions simples, étape par étape, sur la manière dont on peut activer ce principe et l’incorporer à la vie quotidienne. Est-ce le premier pas pour nous permettre de démultiplier nos ressources et nos facultés, afin d’atteindre une vie plus harmonieuse ?

Les auteurs :

Herbert Benson (né en 1935) est professeur de médecine à l’université de Harvard. C’est un pionnier des scientifiques américains ayant associé spiritualité et médecine. Il a fondé le Benson-Henry Institute for Mind Body Medicine, et est auteur ou co-auteur de plus de 190 publications scientifiques et 12 livres.

William Proctor JD est certifié de Harvard College et Harvard Law School et a écrit ou co-écrit plus de 80 livres.

Structure et organisation de l’ouvrage

Avant-propos :

Les travaux du Dr Benson ont porté à l’origine sur la « réaction de détente »  pour améliorer le système cardiovasculaire, l’équilibre émotionnel par un meilleur contrôle de son stress. Le principe de l’Etincelle est un pas en avant dans la compréhension de ce mécanisme et ses applications potentielles. Trois sources contribuent à définir le Principe de l’Etincelle :

  • De très nombreuses données historiques et sociologiques sur des personnes ayant vécu une transformation de leur vie.
  • Des évaluations physiologiques et neurologiques avec l’aide de radiographie cérébrales par IRM fonctionnelle (IRMf) démontrant le rôle du monoxyde d’azote (NO) dans le cerveau.
  • Des études sur des sujets ayant pratiqué le principe de l’Etincelle dans différents domaines (affaires, arts, sports, spiritualité)

Partie I : Activer le Principe de l’Etincelle

Dr Benson annonce avoir mis en évidence, après plus de  trente années de recherche à la Harvard Medical School, l’existence d’un mécanisme d’auto transformation qu’il a nommé «Principe de l’Etincelle ». Celui-ci permet des bénéfices sur l’activité cérébrale, la créativité, l’efficacité professionnelle, l’optimisation des performances sportives et le développement spirituel. Dans la plupart des cas, des freins cérébraux liés à des croyances négatives inhibent nos capacités. Le processus est de rompre avec ses schémas classiques et provoquer l’étincelle, ce que les sportifs de haut niveau appellent l’état de grâce, plus largement le fait de pouvoir dépasser ses limites dans n’importe quel domaine. Il est fait référence à la loi de Yerkes-Dodson, selon laquelle l’efficacité passe par un optimum lorsque que le stress augmente avant de diminuer.

1er principe : le pouvoir guérisseur de la nature  dont chacun bénéfice : l’étincelle jaillit de notre capacité naturelle à améliorer notre santé, nos aptitudes intellectuelles et nos performances physiques.

2ème principe : il est essentiel de rompre avec ses schémas classiques intellectuels et émotionnels, en se concentrant sur son environnement. La pratique d’une activité libératoire sportive, artistique, spirituelle voire même triviale, est un excellent catalyseur.

3ème principe : le processus interne comprend quatre étapes :

  1. Le combat devant un évènement stressant, avec une sécrétion d’hormones à partir des glandes surrénales.
  2. Le déclic par un lâcher prise en prenant du recul, ce qui permet une libération de NO.
  3. Le jaillissement de l’étincelle générant un pic de concentration suivi d’une sensation de relaxation.
  4. L’amélioration de notre état général et de nos performances.

4ème principe : le dégagement de NO lors de l’étincelle inhibe les hormones du stress telles que la noradrénaline.

5ième principe : l’étincelle génère six pics de conscience, faisant référence à la pyramide de Maslow :

  • Conscience à soi
  • Créativité
  • Productivité
  • Performance (physique)
  • Régénérescence (santé)
  • Transcendance par une quête personnelle et spirituelle

La pratique du « lâcher prise » permet de se détacher d’un problème en libérant dans l’organisme du NO, produisant par là-même des endorphines et dopamines, deux tranquillisants naturels, phénomène observable par IRMf. L’auteur conseille à chacun de trouver les activités ou centres d’intérêt pouvant provoquer ce déclic : la prière, la méditation, la musique, l’art, le contact avec l’eau ou la nature, le sport, la pratique  répétitive de mouvements ou paroles, le contact avec des animaux, l’échange avec un groupe d’amis, le bénévolat, ou bien l’association de plusieurs de ces activités.

Le NO est un radical gazeux très réactif à l’oxygène, permettant grâce à des phénomènes biochimiques très complexes la diffusion des informations dans tout notre métabolisme.

L’apport de l’IRMf a permis de cartographier l’esprit créatif, montrant l’impact de la méditation sur certaines zones du cerveau, l’augmentation de la circulation sanguine dans le système limbique et la baisse du rythme cardiaque. L’auteur conclut que le cerveau a besoin à la fois de calme et d’agitation, ce qu’il appelle la « commotion tranquille » pour générer le pic.

L’auteur donne six méthodes simples pour déclencher le fameux déclic, à considérer séparément ou conjointement :

  1. i) La pratique d’une activité mentale ou physique répétitive

Etape1 : choisir un mot, une brève expression ou un précepte qui puisse être répété en silence sur une seule expiration (ex : paix, harmonie, notre Père pour un chrétien, shalom pour un juif).

Etape 2 : s’asseoir confortablement, fermer les yeux, respirer calmement et régulièrement, et répéter cette formule en silence sur l’expiration pendant dix à vingt minutes

Etape3 : ne pas se laisser distraire mais sans lutter outre mesure

Etape4 : ouvrir les yeux, demeurer assis quelques instants et laisser les pensées quotidiennes infiltrer tranquillement notre pensée : c’est à cet instant que la probabilité de jaillissement de l’étincelle est maximale. Ceci se traduit par la découverte de nouveaux moyens d’envisager des problèmes anciens par des solutions innovantes.

  1. ii) L’immersion dans un système personnel de croyance, impliquant un engagement réel dans des activités en rapport avec ces convictions intrinsèques ; pour exemple : la pratique d’une discipline spirituelle intense et régulière.

iii) Le sentiment d’abandon total avec ses schémas de pensée classique : « rien à perdre, tout à gagner »

  1. iv) Le ressenti d’une émotion profonde au sein d’une relation
  2. v) L’adoption d’un comportement altruiste
  3. vi) La stimulation d’une forte impression sensorielle, en jouant sur un de nos cinq sens : par exemple, la contemplation d’un coucher de soleil, l’écoute d’une musique symphonique.

Partie 2 : les six pics de concentration

  • Le pic de conscience de soi

Le principe de l’étincelle et le pic de concentration nécessitent au préalable de pouvoir rompre régulièrement avec l’agitation ambiante. Ce changement de rythme permet une meilleure connaissance de soi, premier pas pour une réflexion sur le sens de sa vie. L’exemple de George Harrison dans sa quête spirituelle démontre l’impact sur sa créativité musicale.

  • Le pic de créativité

La créativité n’est pas un don, mais un phénomène biologique que l’on peut développer en mettant en cohérence, c’est-à-dire en coopération, différentes parties cérébrales. Ceci génère un afflux sanguin dans certaines zones préfrontale antérieure, fronto-temporale et frontale supérieure. La pensée analytique occidentale s’oppose souvent à la pensée globale ou dialectique orientale. L’auteur pense que le principe de l’étincelle est un vecteur culturel pour une pensée novatrice en rupture avec nos schémas classiques. Il peut s’avérer difficile de se positionner dans cette nouvelle posture, mais un entrainement régulier peut permettre de faciliter sa mise en œuvre en atteignant des mini-pics.

  • Le pic de productivité

L’application du pic de concentration à un groupe ou réseau d’individus au sein d’une entreprise est un facteur essentiel de performance collective, de créativité, de participation collaborative et in fine de développement et pérennité de l’entité économique. L’entreprise devient « vivante » et se nourrit de sa diversité harmonieuse. Un pic de concentration d’un collaborateur peut modifier la pensée du groupe, et comme nous l’avons vu dans le cas individuel, cette rupture des schémas de pensée est source d’une amélioration potentielle de la productivité. Il faut donc distinguer ce que l’auteur nomme « le paradoxe de la friction », c’est-à-dire la confrontation d’idées, génératrice d’innovation. Le conflit en soi n’est pas à exclure ; l’essentiel est de valoriser les différences, de définir entre les participants une bonne cohésion. Il paraît important de ne pas dépasser la taille de huit membres. La diversité d’opinions est également un facteur de richesse et non de blocage à la créativité, si les règles essentielles d’ouverture à soi et aux autres est une valeur partagée. L’auteur insiste que chaque membre puisse auparavant connaître le principe de l’étincelle. Il est également suggéré de pratiquer des pauses de relaxation, de pratiquer l’humour, de cascader les formations, d’encourager le sport intra-entreprise, sur le principe «  un esprit sain dans un corps sain ».

  • Le pic de la performance sportive

De même qu’en entreprise,  des chercheurs ont mis en évidence que les performances sportives requièrent de l’intuition et un lâcher-prise. Un exemple montre même qu’il peut être très intéressant de se comporter comme un animal, c’est-à-dire de bloquer sa pensée linéaire et s’abandonner totalement à l’activité, pour dépasser ses limites. Autre champ possible d’amélioration : celui de pratiquer la visualisation mentale du geste sportif pratiqué, soit une combinaison de l’entrainement « corps-esprit ». Des travaux de recherche ont pu aboutir à définir une « zone individuelle de fonctionnement optimal », ZIFO, propre à chaque individu.

  • Le pic de régénérescence

La pratique régulière des pics de concentration a pour bénéfice également d’augmenter son capital santé : ainsi, l’on peut soulager et réduire l’occurrence de divers troubles (exemples : maux de tête, de dos, d’estomac, etc…). L’effet placebo, ici rebaptisé « effet mémoire de la santé », est considéré comme une croyance ou une conviction d’une amélioration de la santé. A contrario, l’effet « nocebo » est fait de croyances limitantes peut entraîner des effets défavorables et psychosomatiques.

  • Le pic de transcendance

De nombreuses recherches ont tenté en vain par des techniques occidentales et rationnelles de percer l’énigme de la transcendance. Il semble difficile de faire abstraction de la spiritualité comme élément essentiel de réponse. Les témoignages font état d’un sentiment d’unité (corps-esprit, harmonie avec la nature et son prochain), une nouvelle motivation de changer fondamentalement sa vie, une perception étirée ou fluide du temps qui passe et une impression profonde relative au cosmos, à la vie et à nous-mêmes. La méditation bouddhiste et sikh est intégrante de la conviction intrinsèque.

En conclusion, une stratégie cognitive de conscience à soi, une remise en cause de ses modes de pensée habituels sont des éléments essentiels pour générer le pic de l’étincelle et par conséquent autoriser des réalisations « extraordinaires ».

Mes remarques critiques sur ce livre

Expliciter les phénomènes biologiques et neurologiques lors de la genèse d’une idée (« Euréka » d’Archimède)  au travers de nombreux travaux de recherche et de multiples exemples concrets est très intéressant et innovant.  La presse relate le bienfait qu’une préparation mentale spécifique peut amener dans les performances sportives pour certains athlètes (natation, football, ski, saut à la perche,…). J’ai bien apprécié l’affirmation qu’il est nécessaire de rompre avec certains schémas mentaux anxiogènes (nos croyances limitantes) pour avoir une vie plus harmonieuse.

Par ailleurs, beaucoup de sujets développés trouvent écho ou origine par ailleurs, dans d’autres concepts comme celui de l’élément humain (W.Schutz), ou de l’agilité. Est-ce réellement une découverte comme l’affirment les auteurs ? Personnellement, je n’en suis pas convaincu. Pour exemple, je pense que le film germano-américain « le guerrier pacifique «  aussi connu sous le titre « Peaceful warrior » réalisé par Victor Silva en 2006 reprend des schémas équivalents au principe de relaxation et de concentration.

Bonne lecture estivale,

Richard, 21 juillet 2017

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *