La créativité dans un écosystème homéostastique

La thématique de cet article porte sur la créativité, sujet aussi vieux que le monde… en fait, suite à un entretien récent avec un ami consultant et pendant le vol retour d’une mission chez un client en Allemagne ce matin, je me suis une nouvelle fois poser la question : pourquoi l’innovation semble-t-elle principalement bien fonctionner aux entreprises dites libérées alors que certaines grosses sociétés, implantées depuis des décennies et sur des marchés porteurs, ne performent-t-elles pas malgré des budgets R&D à faire pâlir tout dirigeant de startup en quête d’une levée de fond ? Ainsi, nous avons tous en tête les succès fulgurants des méga sociétés américaines telles que Google, Apple, Tesla, Facebook, Uber ou cocorico Blablacar qui se sont imposées sur leur marché pourtant très concurrentiel (ex : smartphone, voiture hybride ou électrique) par une recherche incessante de l’innovation et un management très différent de la plupart de nos organisations traditionnelles.

Toute décision d’innover est une prise de risque, plutôt  faible à modérée dans une approche incrémentale et maximum lorsqu’elle est disruptive. Au delà des facteurs classiques pouvant être des freins à l’innovation telles que un management sans vision (2 à 5 ans), un focus uniquement court terme(6-12mois) sur les résultats financiers, des témoignages d’anciens managers et mes propres vécus et convictions m’amènent à la conclusion qu’un management archaïque (100% directif),  une culture d’entreprise de type “follower”, où tout projet d’innover doit nécessairement passer par un “case study”, est peu enclin à être une référence dans la créativité.

Le principe d’équilibre homéostatique, défini par le fait que tout système ouvert possède une tendance naturelle à se maintenir en l’était initial par un mécanisme d’autorégulation permanent – dans la pratique… le CODIR souhaite changer de niveau, mais les contraintes des différentes parties prenantes et les niveaux pré-conscients de peur de l’échec nous ramènent à revenir à l’état initial, symbole de sécurité.

L’inertie de notre système éducatif peut également donner un élément à charge dans cette argumentation anti-créativité.. quelle est la place de l’imaginaire dans l’éducation scolaire et parentale, particulièrement depuis le début de ce siècle ? Depuis toujours, dans notre éducation, comment jugeons nous l’échec devant un objectif ? Ainsi, un ami anglo saxon vivant en France me disait sa surprise d’avoir vu que les commentaires faites par les enseignants sur les dictées de ses enfants ne portaient uniquement que sur les fautes réalisées et soulignées en rouge, avec une note décroissante, alors que son système était à l’inverse basé sur un niveau commun à atteindre et des points supplémentaires à partir de cette référence.

Prenons 2 exemples :

  • l’ordinateur portable : je l’utilise personnellement puis professionnellement depuis environ 30ans et malgré une puissance de stockage, une rapidité des microprocesseurs multicores sans cesse démultipliée, la complexité des logiciels augmente, la convivialité des versions de système DOS diminue inéluctablement, la réservant aux “geeks” et experts IT… Innovation n’est pas synonyme de simplicité.
  • Que dire d’une voiture moyen de gamme, remplie de capteurs électroniques et connectée ? Le nombre de touches entourant le volant ne cesse de croître, alors que je serai très content d’apprécier qu’elle me reconnaisse en entrant, en adaptant ma position de conduite,  qu’elle me demande par ailleurs si je souhaite écouter un disque, la radio, me questionne sur ma destination et démarre voire se gare seule par exemple.. J’ai aujourd’hui l’impression que nous sommes moins avancés que les conducteurs de Cosmos 1999 !

J’ai bien conscience que la plupart des changements ne sont opérationnels qu’après une solide étude de marché et que la réponse du client devant une nouvelle idée ou un nouveau produit prime sur son succès , mais cette approche systémique se retrouve aussi dans nos propres décisions à l’échelle individuelle : je préfère continuer à faire ce que je fais…même si je suis de plus en plus convaincu que la différence “bénéfice versus perte” est négative.

Je parlerai dans un prochain article des possibles interventions pour déjouer les tendances homéostatiques de nos systèmes et sous-systèmes, tant à l’échelle personnelle que collective.

Richard, 7 juillet 2016

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