Mon parcours d’enseignant vacataire en Sciences Humaines depuis plusieurs années dans diverses universités et écoles d’ingénieurs m’amène à vous présenter un portrait en 7 points pour définir, me semble-t-il, l’Ingénieur de l’horizon 2020…
- Il ou Elle ? En comparaison avec ma génération sortie des écoles en 1990, le genre féminin est nettement plus représenté, hormis dans certains domaines encore très spécifiques (ex : développeur web, concepteur de circuits intégrés,…). Ce pourcentage ne cesse de croître chaque année, au point que les matières scientifiques rebutent de plus en plus le genre masculin qui semble préférer d’autres voies (commerce, finance). Ce rééquilibrage est pour moi un atout tant pour l’harmonie des ambiances au travail que pour l’égalité des responsabilités et des rémunérations.
- Les compétences : il/elle est conscient(e) que ses expériences professionnelles (stages) en entreprises importent tout autant voire davantage que son diplôme. La formation par alternance devient très prisée pour accélérer l’apprentissage par l’expérience.
- Il/Elle est conscient que la formation continue sera régulière, toute sa vie pour lui permettre de changer plus facilement de job dans une même société ou d’environnement dans plusieurs entreprises différentes.
- Il/elle maîtrise suffisamment l’anglais voire une seconde langue, de manière supérieure à ses aînés et tire bénéfice d’au moins une expérience à l’étranger au cours de ses études ou vacances.
- Ses entreprises cibles : même si les ténors du CAC40 restent de grands consommateurs de jeunes diplômés, les PME et ETI l’attirent plus fortement qu’avant. Une partie non négligeable d’entre eux est attirée par l’expérience « start up », très chronophage mais source la plus d’importante d’expériences dans des domaines variées et potentiellement à fort revenu (« high risk –>high gain »). Ainsi, il/elle peut privilégier des expériences courtes mais riches en expérience que d’intégrer un grand groupe où il/elle sait que son emploi du temps risquerait de ressembler à être poster devant son écran d’ordinateur, lire et répondre à des e-mails ou des web meetings, d’être frappé par la réunionite aigüe, d’exceller dans l’outil powerpoint pour des présentations à destination de ses supérieurs hiérarchiques sans toujours identifier sa valeur ajoutée dans la complexité de ses multiples projets.
- Sa personnalité : issu de la génération Z, il est un « individu on-line ». Son meilleur allié : internet et google…Il/elle connaît l’importance du réseau qu’il/elle développe très tôt dans sa carrière. Paradoxalement, il/elle utilise naturellement les nouvelles technologies de l’information(TIC) mais souffre d’un manque de communication en présentiel et son expression écrite se trouve parfois déficitaire devant les anciennes générations. Les formalités administratives lui pèsent souvent, telles que le respect d’horaires fixes et une excroissance de niveaux hiérarchiques. Il souhaite remettre en cause plus facilement l’autorité quand la décision ne lui paraît pas ajustée, un peu comme le font depuis très longtemps nos voisins anglo-saxons avec leurs supérieurs (« power distance » faible). Il est ainsi conscient que les compétences du savoir-être sont essentielles pour s’intégrer et travailler efficacement en équipe, et recherchent à développer ses styles de management le plus tôt possible. Dans son vocabulaire, il/elle apprécie les effets « stylés » et de ne pas « spoiler » l’information à ses collègues.
- Il/elle est conscient que l’équilibre vie pro/vie perso est un MUST. Il est conscient que le « stress au travail » et le burnout, termes inexistants il y a 30ans, font partie de son environnement. A ce titre, un(e) ingénieur averti(e) en vaut deux !
Sommes toutes, est-il(elle) vraiment différent(e) des générations précédentes ? Oui par évidence de par les éléments cités précédemment. Oui également de par son intérêt manifeste et grandissant pour les sciences humaines (management, leadership, communication), qui peuvent l’aider à mieux gérer cette omniprésence des outils connectés dans un souci de développer la qualité des relations humaines dans l’entreprise. A ce titre, le développement (ou le renouveau) des sciences de l’Humain dans les formations scientifiques m’apparaît comme un élément différentiateur et atout concurrentiel des différentes écoles d’Ingénieur. J’en appelle à former davantage d’ingénieurs généraliste en Sciences (« hardskills et softskills) pour l’entreprise, qui auraient pour devise la citation antique « mens sana in corpore sano ».
Richard, le 22 décembre 2017